Au secours des guinéens

REVUE DE WEB | GUINÉE-CONAKRY

Une junte militaire composée de jeunes recrues sans merci, une armée totalement désorganisée et toujours les mêmes victimes : le peuple guinéen déjà exsangue, qui fonde tous ses espoirs sur la communauté internationale.

Deux jours de ville morte ont été décrétés ces lundi et mardi en Guinée, en mémoire des victimes de la barbarie du 28 septembre. En réalité, les guinéens se terrent chez eux, terrorisés par une armée qui va jusqu’à entrer dans les concessions pour commettre des exactions. “Sauvez-nous” dit Amadou, à Conakry : “on ne veut plus entendre de mots tels que “nous condamnons” de la part de la communauté internationale. Ils doivent agir“. > plus sur IRIN – (en Anglais)

Tous les acteurs se sont réunis lundi à Abuja, lors d’une réunion spéciale organisée par la CEDEAO. L’opposant de longue date Alpha Condé est optimiste: “toutes nos demandes ont été satisfaites (…) l’envoi d’une force militaire internationale, l’envoi des coupables devant la CPI, le retrait de la junte”.
Il en appelle au soutien de la communauté internationale pour ce faire.
> La junte militaire en accusation à Abuja (RFI)

Témoignages sur le web

AUDIO | Exclusif RFI : Un militaire témoigne : “C’était tuer ou être tué”
(Durée 07:46 min)
>Lire aussi d’autres témoignages recueillis sur Human Rights Watch

Comment en est-on arrivés là ?

VIDEO | “Des femmes violées témoignent” + Analyse de Christophe Boisbouvier (RFI), qui attribue l’état chaotique de la Guinée à la politique du “diviser pour mieux régner” de Lansana Conté.
> Lire aussi “Le grand malade de l’Afrique de l’Ouest“, analyse de Olivier Rogez (RFI).

Dadis Show

L’autoproclamé président-capitaine Dadis Camara soigne son image. Il a ainsi créé son propre show télévisé, pour montrer aux guinéens comment il lutte contre la corruption.
> Lire aussi “Dictateur le jour, animateur télé la nuit” (Courrier international/Daily Telegraph)

VIDEO | Extraits du “Dadis Show”
> humiliant des ministres
> fustigeant l’ambassadeur d’allemagne
> Il reçoit les journalistes dans son lit (Sept à huit – TF1)

Sauver la population

“C’est toujours avec une certaine consternation qu’on se trouve contraint de recommander une opération militaire internationale de plus dans un pays africain (…) La situation de la Guinée aujourd’hui l’exige pourtant“. >Lire “Comment sauver la Guinée de son armée” – Gilles O. Yabi, AFRIK.com

> Pétition AVAAZ.org “pour des sanctions ciblées contre les dirigeants militaires (…) et un processus démocratique pacifique en Guinée” > signer

Fil d’infos “Guinée-28 septembre”

La Guinée sortira-t-elle de l’autocratie militaire ?

REVUE DE WEB | GUINEE-CONAKRY

En 45 jours de règne sur Conakry, la nouvelle junte militaire au pouvoir n’a certes pas chômé : auditions, saisies, arrestations de personnalités accusées de corruption. Les observateurs des ONG, la communauté internationale et la Société civile guinéenne n’en sont pas moins inquiets.

Le président-capitaine Moussa Dadis Camara, sous étroite surveillance © Laurent Correau/RFI

Un “coup d’Etat militaire sans un seul coup de feu” a permis au capitaine Moussa Dadis Camara et ses hommes de succéder au Président Lansana Conté à la tête du pays suite à son décès, le 22 décembre dernier. “Nous sommes des patriotes”: la junte militaire se présente comme une équipe de transition, œuvrant pour “préparer le pays à la voie démocratique”.

> VIDEO : Moussa Dadis Camara,
de l’armée à la tête de la junte – France 24

La corruption comme cheval de bataille

Dès début janvier, le “comité d’audit et de surveillance des secteurs stratégiques de l’économie” est mis en place. Au camp Alpha Yaya, siège du nouveau gouvernement, on auditionne à tour de bras hommes d’affaires, sociétés, anciens ministres pour des détournements de fonds avoisinant les 125 millions de dollars au total. On espère autant de précision quant à l’affectation des fonds récupérés. > Détail des auditions sur Jeune afrique
> “La junte continue son opération mains propres” sur RFI

Inquiétudes à l’extérieur comme à l’intérieur

Le coup d’Etat a été immédiatement condamné par l’ensemble de la communauté internationale, à l’exception de la France, qui attend la fin de la période de transition. L’aide financière américaine est en stand-by, l’Union africaine et la CEDEAO ont suspendu la Guinée de ses fonctions de membre.
> ECOUTER Jean Ping, président de la Commission de l’UA – RFI
(Durée 05:34)

Le 21 janvier, le Haut Commissariat aux Réfugiés (HRW) a adressé un courrier au capitaine Camara pour lui rapeller d’autres audits laissés à l’abandon, qui concerneraient des membres de son équipe : ceux de la sanglante répression des manifestations de janvier 2007, ou plus de 120 civils non-armés avaient trouvé la mort. > Lire “Si vous voulez la paix, donnez au peuple la justice” – IRIN News

ECOUTER Carolyn Norris, de Human Rights Watch à Londres
(Durée 04:43)

Le 31 janvier, les organisations de la société civile et les syndicats de tout le pays se sont réunis pour identifier les points d’inquiétude et formuler des demandes précises, en particulier la mise en place d’une instance juridique indépendante et respectueuse des droits des personnes. > Déclaration des Forces sociales guinéennes sur Radio Kankan

L’ex-parti d’opposition UFR en a appellé à la communauté internationale “pour que les militaires n’aient plus le pouvoir”.  > “Le pouvoir, une affaire avant tout militaire” – France 24

Le REPAOC, réseau d’ONG présentes en Afrique, mène campagne auprès des Nations Unies et des bailleurs de fonds afin de “donner au peuple guinéen les moyens d’accéder à la démocratie et au respect de leurs droits” : Communiqué de Presse du REPAOC

La période est décisive : le peuple guinéen et ses représentants sont prêts à reprendre leur pays en main. Ils ont plus que jamais besoin d’appuis pour mettre fin à l’autocratie militaire.
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et aussi :
DOSSIER : “Une transition dans l’espoir, mais tous les scénarios restent possibles” sur CCFD/Terre Solidaire
DOSSIER : Les années Conté sur Jeune Afrique
DIAPORAMA : “Au coeur du nouveau pouvoir guinéen” sur RFI

HIV/AIDS Image Box for Africa

Prevention of HIV/AIDS in Africa is an issue: frankly discuss the subject remains quite difficult here. Yet poor dialog encourages the development of wrong ideas and dangerous behaviors.

This Image box, originally created for a dispensary’s health talk-abouts in Conakry, Guinea, covers several aspects as prevention, sexual behavior, symptoms, screening, treatment through 25 simple illustrations, adapted to West Africa.

Sensitization talk-abouts at the dispensary of Conakry, Guinea © Fidesco

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> Download HIV/AIDS image box extracts

Sensibilisation Santé en Guinée-Conakry

Lors de ma mission au Dispensaire St-Gabriel de Matoto à Conakry (Guinée) j’ai réalisé cinq boîtes à Images de sensibilisation sur les thèmes : Paludisme, Parasites intestinaux, Nutrition infantile, SIDA, Brulûres.

Ces boîtes à Images illustrent les causeries de sensibilisation faites par les agents de santé du dispensaire pour des patients souvent illettrés et originaires de villages reculés.

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E.

Boîte à Images SIDA (Extraits)

VIDEO | Le dispensaire Saint-Gabriel à Conakry

Durée : 06:31

Cicatrices

Extrait des “Lettres de Conakry”

Retour à la maison des expats après une dure journée au dispensaire. Flo, médecin-chef, déboule révoltée dans le séjour.
Ce matin, un jeune couple a amené une fillette de 4 ans, tout juste décédée.

“Ça n’arrive pas en un jour” dit Flo, furieuse : l’enfant était dans un état sévère de malnutrition. Les parents avaient été d’hôpital en hôpital, mais dans ce pays de corruption, non seulement on rackette les malades, mais en plus on ne les soigne pas. Quand ils sont arrivés au dispensaire, il était trop tard. “Quand je dois référer à l’hôpital, je sais que je les envoie à la mort“. Ses yeux se mouillent. “On ferait aussi bien d’essayer de les soigner avec les moyens du bord“.

Arrivée dans le salon de Binta, notre amie couturière, le dernier-né au dos, suivie de sa fille Rahma et d’une autre gamine. On apprend que celle-ci a 14 ans, qu’elle arrive du village, où elle vient de perdre sa maman, pour se marier avec un homme de… 50 ans. La gamine a le corps à peine formé. Elle est venue avec une copine, 13 ans, mariée aussi. Je n’ose pas imaginer ce qui se passe dans sa tête. Voilà comment elle commence sa vie de jeune fille, déracinée, orpheline, sans maman et sans sa famille près d’elle, mariée à un vieil étranger.

Prise en charge des enfants malnutris au dispensaire St-Gabriel, Guinée © Fidesco

Après leur départ, la conversation continue sur la condition de la femme. Edith, sage-femme en chef de la maternité : “Elles sont toutes excisées. Même le personnel du dispensaire. Quand elles viennent accoucher, tout remonte à la surface. ça fait des déchirures au niveau de la cicatrice et je suis souvent obligée de recoudre.”

Ce soir mes sentiments sont confus et je ne peux plus vous faire la jolie carte postale de notre week-end en pays Baga. Oui, il y avait les magnifiques paysages vert vif des rizières, les sourires des habitants chaleureux de Kataco, mais il y a aussi des enfants aux visages graves et aux habits déchirés, se nourrissant dans les restes de riz du visiteur, des malades abandonnés, faute de soins et d’argent pour les amener à la ville.

Voilà ce que m’a inspiré l’Afrique : Beauté et violence. Violence et beauté.

« Les guinéens souffrent en silence mais ne sont pas dupes »

JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU | INTERVIEW

Michel Frossard, expatrié français en mission au dispensaire Saint-Gabriel de Matoto décrit le calvaire de l’eau au quotidien à Conakry.

Q. : Vos lieux de travail (Matoto) et de résidence (Bambeto) font partie des quartiers les plus durement touchés par la pénurie d’eau. Pouvez-vous nous décrire votre quotidien ?

Michel Frossard : Il y a quelques années, dans le quartier de Bambeto (à mi-chemin entre l’aéroport et la nouvelle ambassade des Etats-unis) où nous habitons, il y avait de l’eau. En témoignent avec éloquence les douches de nos salles de bain, la machine à laver le linge, les chasses d’eau de nos WC et même le ballon chauffe-eau électrique dans la cuisine… Je suis depuis 18 mois en Guinée et malheureusement je n’ai quant à moi pas encore eu la chance de voir une seule goutte d’eau au robinet.

Conakry. La queue devant une des quelques propriétés raccordées à l’eau. © Kibarou.com

Il faut donc faire comme tous les guinéens des quartiers défavorisés dans leur approvisionnement en eau : trimballer des bidons de 20 litres pour boire, faire la cuisine, laver le linge, évacuer des WC ce qui doit l’être, nous doucher (ou plutôt nous laver avec quelques verres d’eau). Evidemment, ça n’est pas facile pour nous à qui il est demandé de faire preuve d’une efficacité à l’européenne dans cet environnement matériel typiquement africain… Et pourtant, nous, nous avons la chance de remplir nos bidons aisément au dispensaire, notre lieu de travail. Certains de nos voisins ont des puits, mais ce n’est pas le cas de la plupart des guinéens qui nous entourent.

Q. : D’après vous qu’est-ce qui a conduit à une telle aggravation de la pénurie ces dernières années ?

M.F. : Les guinéens vivent cela avec une philosophie admirable et souffrent en silence, mais ils ne sont pas dupes. Ils savent très bien que la dégradation de la situation est due au délitement de l’Etat et des services publics. En effet, la Guinée « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » ne manque pas d’eau !

Q. : Lors de la Journée mondiale de l’Eau, le 22 mars dernier, l’Unicef a promis des appuis importants. Etes-vous plus optimiste pour l’avenir ?

M.F. : C’est surtout le récent changement de gouvernement qui a redonné un peu d’espoir. Un nouveau ministre à d’ailleurs été nommé pour l’hydraulique et l’énergie. Tous ici sont persuadés qu’il va mettre bon ordre à tout cela et que dans 3 mois tout le monde aura l’eau et l’électricité… Pour ma part je ne vous cache pas que j’attends de voir ce que la compagnie nationale SEG (Société des Eaux de Guinée) fera, stimulée par le nouveau gouvernement. Je suis plutôt d’accord avec ceux qui proposent d’introduire la mixité public-privé en ce qui concerne les grandes compagnies nationales eau et éléctricité car, entièrement nationales, elles sont incapables d’être « dures » avec leurs nationaux.
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> LIENS : La Journée mondiale de l’eau sur le web
> Journée Mondiale de l’Eau : « Renforcer l’intégration et la coopération »