Payer plus cher son panier de courses dûment labellisé bio, on avait accepté l’idée. Mais voici que fleurissent produits AB à prix grandes surfaces et hard discount…
Alors «le bio», est-ce bien sérieux?
En janvier 2009, l’Union européenne a mis en place son label “agriculture biologique”, obligatoire pour tous les produits bio européens.
Moins contraignant que son homologue français AB, la feuille étoilée permet, entre autres : 0,9% de résidus d’OGM (un taux soumis à étiquetage “avec OGM” sur les produits non bio), des antibiotiques pour les animaux d’élevage, plus de souplesse dans l’utilisation des pesticides…
Sur le territoire français, le strict label AB bénéficiait de la confiance des consommateurs. Aujourd’hui, l’Union européenne interdit aux labels nationaux d’être plus contraignants. Selon Antoine Faure, responsable de certification chez Ecocert : «Aujourd’hui, à partir du moment où un produit répond aux exigences de la réglementation européenne, il peut se prévaloir du logo AB». >> plus sur ddmag
L’Europe brouille les pistes
Après la polémique de la pomme de terre BASF, la commission européenne a adopté en juillet des propositions visant à accélérer d‘autres autorisations de cultures OGM. Elle permet aux États membres d’interdire ces cultures sur leur territoire sur certains critères environnementaux – mais pas de santé publique ! – demandant en contrepartie une facilitation des autorisations au niveau européen… certains parlent de dérèglementation.
Le label, repère du consommateur
En France, le label AB garantit : minimum 95% d’ingrédients bio pour les produits transformés, des cultures sans pesticides, ni engrais, ni colorants, ni OGM, une durée de conversion des terres de 3 ans… Devra-t-il revoir son cahier des charges à la baisse ?
D’autres points restent litigieux : l’empreinte écologique (36% des produits labellisés AB viennent de l’étranger contre 9% seulement de France, faute de terres arables disponibles) les semences, qui doivent être non OGM mais pas forcément bio (les dérogations ont doublé depuis 2004, faute de semences bio disponibles sur le marché), ou encore la toxicité des emballages.
Côté gouvernance et certification, le doute s’impose : même si les producteurs sont contrôlés chaque année par des organismes certificateurs privés, dont certains dirigeants sont d’anciens écolos, comme William Vidal, patron d’Ecocert, le label AB et ses certificateurs sont en bas de la pyramide : Agence Bio, Ministère de l’Agriculture français, Europe, IAF (International Accreditation Forum). >> lire «les secrets du label bio» sur ddmag
De plus, le process de certification devient plus incontrôlable pour les produits transformés ou importés, du fait de la multiplication des interlocuteurs.
Vers un bio à deux vitesses ?
D’autres pays européens ont depuis longtemps mis en place des labels privés qui vont plus loin que la réglementation européenne et qui répondent au niveau d’exigence des consommateurs. En France, une douzaine de fédérations, syndicats et associations de l’agriculture Bio ont créé en 2010 la marque Bio Cohérence, aux critères ultra-stricts : tolérance 0 OGM, système participatif de certification, équitable, solidaire… >> plus sur actu-environnement
Alors que faire ?
Rester vigilant, et plus simplement : revenir au bon sens et sortir de la logique de consommation :
– privilégier les circuits locaux (Amap, petits producteurs bio pas forcément labellisés)
– revenir aux produits des saison
– réduire sa consommation de viande, à remplacer par œufs, des protéines végétales
– faire la chasse au gaspillage (7 kg d’aliments/habitant sont jetés chaque année)
– se rapprocher des petits commerces
> Téléchargez le “Coach courses” de la Fondation Nicolas Hulot
> D’autres conseils sur la plateforme Colibris (Pierre Rabhi)
Sources : Nouvel Obs, Colibris, Actu-environnement, WWF/Planète-Attitude, Greenpeace/OGM, Bio-contact
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