Vous avez sans doute été étonnés de trouver ces jours-ci des fraises bien mûres vendues à très bas prix sur les marchés parisiens, alors que la douceur printanière pointe à peine le bout de son nez.
Il faut le savoir, les fraises vendues sur le marché français à cette époque-ci de l’année proviennent pour la plupart de l’industrie de la fraise d’hiver, en Andalousie. Une industrie très coûteuse pour l’environnement, dangereuse pour la santé et exploitatrice honteuse d’immigrés clandestins.
Facture environnementale
L’implantation des serres empiète sur la réserve nationale de Doñana, un haut-lieu de migration des oiseaux, abritant aussi les 20 derniers lynx d’Europe.
Parc naturel de la Doñana. A gauche, la réserve, avec au centre ses marais abritant de nombreux oiseaux. A droite, les serres. © Google Maps
Pour satisfaire cette culture très vorace en eau, des forages pompent illégalement la nappe phréatique, dans une région déjà frappée par la désertification.
A l’Ouest de la réserve, les serres de Huelva poussent au pied d’un complexe pétrochimique. Les sols sont préparés à coups de pesticides hautement toxiques : le Bromure de méthyl, un poison interdit par l’Union Européenne et la Chloropicrine, autre poison jadis utilisé comme arme de guerre au Kurdistan et en Iran. (> plus sur Politis.fr)
… et coût humain
Des associations écologistes andalouses parlent d’explosion des maladies pulmonaires et de la peau. Qu’en est-il du sort des ouvriers agricoles, qui ont respiré ces produits toxiques, et sont priés soit de retourner chez eux, soit de s’exiler ailleurs en Espagne après la saison?
VIDEO Fraises d’hiver, goût amer” – Arte
Les producteurs espagnols emploient des saisonniers marocains ou roumains, mais aussi des sans-papiers africains, qui se logent dans des cabanes en bâche de plastique récupéré, qu’ils brûlent également pour se réchauffer le soir.
L’Effet Domino – émission diffusée le 6 mars 2009 – Durée 09:03
Enfin, pour arriver chez ses 2 principaux importateurs – allemand et français -, la fraise d’hiver doit encore parcourir 1 500 km (10 000 camions/an).
Une fraise polluée qui vaut également sont pesant de Co2.
Sources : Claude-Marie Vadrot – Politis.fr, WWF
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> Signez la pétition “Ras la Fraise“, pour inciter les distributeurs à réduire l’importation de fruits et légumes hors saison.
> co2solidaire.org : Compensez votre consommation de CO2 par des projets de développement durable
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