“Les poumons du ciel sont malades”

Davi Yanomami, Shaman et porte parole du peuple amazonien Yanomami, alerte le monde sur le danger que représentent les bûcherons, les extractions et le changement climatique pour tous les peuples indigènes d’Amérique du Sud.

Traduction de “Climate change is extremely dangerous for all of us
The
guardian.co.uk –  13 Juin 2009

DaviYanomami> Voir la vidéo (Anglais-Portugais – Durée 07:41)

«Le monde est malade. les poumons du monde sont pollués. Les indigènes n’ont jamais ni détruit, ni volé leurs ressources. Mes pensées vont à mes frères et sœurs indigènes qui sont en train de mourir pour défendre nos droits et nos terres».

Les Yanomami sont une des tribus les plus isolées au monde. Leur existence est menacée par les chercheurs d’or qui envahissent leurs terres et par le changement climatique. Davi Yanomami, shaman, est aussi devenu le porte-parole des peuples indigènes brésiliens. Il est venu alerter le monde de ce qui se passe dans la forêt amazonienne.

«La Terre continue à exister, pas l’argent. L’argent disparaît comme le vent».

«Les gouvernements prennent toutes les ressources et détruisent les terres des peuples indigènes. Après avoir abîmé la terre, contaminé les rivières, les poissons, rendu malade notre peuple, ils paient les indigènes avec de l’argent. L’argent ne dure pas. L’argent part. La Terre, non. Nous utilisons la Terre, et elle continue à exister. L’argent, non. L’argent disparaît comme le vent».

Depuis des décennies la forêt amazonienne a été exploitée sans mesure par bûcherons et défricheurs. Avec la nouvelle ruée sur l’Or, des milliers d’orpailleurs affluent dans les terres de la tribu de Dani, les menaçant d’extinction. Ils amènent dans leur sillage pollution et maladies mortelles. Lors de leur dernière intrusion, un yanomami sur cinq mourût.

«Les orpailleurs amènent des problèmes non seulement pour les yanomami, mais pour tous les peuples indigènes. Ils amènent des maladies tels que la malaria, polluent et détruisent les rivières. Les rivières ne doivent pas être polluées. Pour nous les Yanomami, cela nuit beaucoup à notre santé».

À 800 km de là, au Pérou, des dizaines de milliers de peuples indigènes se sont opposés contre les lois qui autorisent l’extraction d’Or, de Pétrole et de bois de leurs terres. Cette semaine, de violents affrontements entre les indigènes et les forces gouvernementales péruviennes ont fait une centaine de morts et de nombreux blessés.

«Je suis au courant du conflit au Pérou et je sais à quel point la situation est devenue grave pour tous les indigènes. Mes pensées sont avec mes frères et sœurs indigènes qui meurent en se battant pour nos droits et notre terre. Les gouvernements des grands États qui vont chercher des ressources naturelles telles que l’Or, le minerais, et autres pierres précieuses tuent les indiens. Tuer des indigènes pour obtenir ces choses est un crime ! Nous voulons que les gouvernements nous respectent et cessent de maltraiter mon peuple ainsi que tous mes frères et sœurs indigènes.
Cela fait mal… tuer sans raison. Les indigènes n’ont jamais abîmé, ni volé leurs terres ni leurs ressources naturelles
».

«Les pluies arrivent tard et le soleil se comporte d’une manière très étrange».

Une hausse de température, même minime, peut détruire l’Amazonie, la plus grande forêt sur terre. Selon les scientifiques, le changement climatique conduira à plus d’incendies et de plus longues sécheresses, asséchant la nature toute entière, avec des effets catastrophiques sur les denrées alimentaires et l’approvisionnement en eau dans le monde entier.

«Le changement climatique vous inquiète aujourd’hui, mais nous, peuples indigènes vivant dans la forêt, nous recevons les fumées polluantes depuis les grandes villes jusqu’à chez nous. Les pluies arrivent tard et le soleil se comporte d’une manière très étrange. Le monde est malade. Les poumons du ciel sont pollués. Vous parlez du changement de climat. C’est un très grand danger pour nous tous».

«Notre futur et votre futur sont liés. Vos enfants et mes enfants doivent continuer à vivre. Si l’Homme continue a détruire la nature, à extraire le Pétrole, les autres ressources, l’Homme deviendra malade et nous mourrons tous. Nous brûlerons ou nous coulerons. Voilà notre message, nous peuple Yanomami».

Reportage de Mustafa Khalili, Michael Tait, Guy Grandjean and John Vidal – guardian.co.uk –  13 Juin 2009

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